L’ « Histoire du sucre, histoire du monde » retracée par James Walvin aux éditions de La Découverte

James Walvin part du constat actuel : l’obésité et l’addiction au sucre constituent des fléaux qui mettent en danger la santé de millions de personnes. Remontant l’histoire du monde, le spécialiste de l’esclavage et professeur d’histoire émérite à l’université d’York part sur les traces des esclaves sur les plantations, notamment établies dans la Caraïbe. Dans cet ouvrage paru aux éditions de La Découverte, James Walvin nous entraîne sur des décennies d’inhumanité, de batailles politiques et commerciales jusqu’à la situation actuelle.

Dans sa version originale, le livre, dont la première édition date de juillet 2017, a pour titre « SUGAR. The World Corrupted: From Slavery to Obesity ».

Histoire du sucre, histoire du monde, de James Walvin, à paraître le 20 août 2020
Suivre le sucre pour éclairer l’histoire du monde : tel est le stupéfiant voyage auquel nous invite James Walvin. Tout commence avec la colonisation des Caraïbes, de l’Amérique et l’essor des plantations. C’est la naissance d’un nouvel ordre, fondé sur la déportation de millions d’Africains réduits en esclavage. Après avoir exterminé les populations indigènes, détruit les paysages et les forêts tropicales, on implante les premières usines polluantes pour fabriquer sucre et rhum. Sans compter une organisation du travail implacable qui, plus tard, inspirera Henry Ford.

Mais il fallait aussi que ce sucre, quasiment inconnu jusqu’au XVIIe siècle, soit consommé. D’abord produit de luxe réservé à la table des élites, il devient, avec la révolution industrielle, l’aliment de base des classes ouvrières, pendant que le rhum, l’un de ses produits dérivés, fait des ravages parmi les plus démunis. Cette consommation massive de sucre, qui bouleverse les habitudes alimentaires, est désastreuse : caries, obésité et diabète se répandent sur tous les continents. Une course folle s’engage ; la consommation de boissons et de céréales sucrées gagne du terrain, et continue de s’étendre aujourd’hui encore.

De Bordeaux à Bristol, des fortunes colossales se sont bâties sur le sucre et l’esclavage, marquant les débuts du capitalisme. Plus tard, des entreprises sans scrupule, dont Coca-Cola reste la plus emblématique, développeront leurs pouvoirs de ravager le monde en même temps que leur surface financière. Et finiront parfois par dicter la politique des grands États.

Histoire du sucre, histoire du monde, James Walvin (traduction Philippe Pignarre) – Éditions La Découverte
Version imprimée : 21 euros
Version numérique : 14,99 euros

Depuis la Barbade des années 1640 jusqu’aux démarchages assassins des multinationales de la barre chocolatée dans tous les bidonvilles du globe, l’histoire du sucre est l’histoire du monde, dont elle raconte les conquêtes et les racismes, les caprices et les rêves, les dérives économiques et politiques – comme le montre l’essai très vivant que lui a consacré James Walvin.
Beaux Arts magazine n° 434, François Cusset, août 2020

Walvin, auteur de plusieurs livres sur l’esclavage, entraîne ses lecteurs dans un voyage en montagnes russes à travers 500 ans d’histoire […] au XVIe siècle, les Européens se sont emparés de vastes territoires en Amérique et ont rapidement consacré une grande partie de cette superficie à la canne à sucre. En tuant les habitants locaux et en réduisant les Africains en esclavage pour effectuer le travail pénible de l’entretien de la sucrerie, les colons européens ont réussi à construire un énorme complexe de production. Assoiffés de pouvoir et de profit, ils ont transformé les sols fertiles du Brésil, de la Barbade, de la Guadeloupe, de la Jamaïque, de Saint-Domingue et d’autres endroits en cultures de sucre destinées aux marchés européens par le travail d’esclaves, produisant une richesse extraordinaire dans des villes comme Bristol, Bordeaux et Boston, et une misère inimaginable pour des millions de travailleurs asservis.
New York Times, Sven Beckert, 23 juillet 2018

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