Nouvelles parutions sur la Guyane et la Guadeloupe chez Ibis Rouge Éditions

Les éditions Ibis Rouge viennent de faire paraître trois livres consacrés à la Guyane et un à la Guadeloupe.

Albert Béville alias Paul Niger
Albert Béville alias Paul Niger

Confession authentique d’un bagnard, une histoire de vie rédigée par Jean Bonnardot et présentée par Romain Telliez, maître de conférences en histoire, est l’occasion de se voir dépeindre de l’intérieur la réalité et les exactions vécues par un bagnard.

Nouvelle histoire de la Guyane, signé Serge Mam Lam Fouck et Apollinaire Anakesa, porte lui sur les mutations historiques d’ordres politique, culturelle, etc. qui font la Guyane d’aujourd’hui et peut permette d’appréhender différents aspects des corps social et culturel actuels.

De l’histoire, il en est quelque part question avec Albert Béville alias Paul Niger de Ronald Selbonne, mais cette fois celle de la Guadeloupe que l’on découvre à travers la biographie d’Albert Béville. Ce militant guadeloupéen, disparu dans le crash d’un avion en juin 1962 (dans lequel se trouvait un autre leader politique, le député guyanais Justin Catayée) a non seulement œuvré à la fondation du Front antillo-guyanais pour l’autonomie aux côtés d’Édouard Glissant, mais a également marqué son époque par différents écrits dont deux romans sous le pseudonyme Paul Niger : Les Grenouilles du mont Kimbo et Les Puissants. Ronald Selbonne propose au lecteur de découvrir un écrivain et un intellectuel trop souvent oublié mais dont l’œuvre et l’engagement ont marqué ses contemporains en Afrique, aux Antilles et en Europe.

Enfin, avec Ariane et Mars, de Romain Petit, les éditions Ibis Rouge ajoutent un nouvel ouvrage à leur collection « science humaine et sociologie » en évoquant la Guyane, sa société, l’industrie de l’espace, etc. et donne à voir la Guyane autrement qu’à travers les clichés.

Confession authentique d’un bagnard, par Jean Bonnardot, présenté par Romain Telliez
Fils d’un ouvrier métallurgiste du Creusot, Jean Bonnardot fut dans sa jeunesse ce que la Belle Époque appelait un « apache ». Condamné en 1911 à dix ans de travaux forcés et à la relégation en Guyane pour vols et recel, il passera près de trente ans au bagne et ne quittera plus la colonie, jusqu’à sa mort en 1955 à l’hospice de Saint-Laurent-du-Maroni. Dès son arrivée, le cercle inexorable des rébellions et des punitions commence. De tentatives d’évasion en condamnations par le Tribunal maritime spécial à deux ou trois ans supplémentaires, Bonnardot connaîtra tout du bagne : les chantiers forestiers et la « belle », l’internement aux îles du Salut, les abus de l’Administration Pénitentiaire et la solidarité entre forçats, le cachot, la « débrouille » qui seule permet de survivre… Ses souvenirs, rédigés de sa main en 1946, sont ici présentés et confrontés aux informations extraites de son dossier pénitentiaire.

Nouvelle histoire de la Guyane
Nouvelle histoire de la Guyane

Nouvelle histoire de la Guyane, de Serge Mam Lam Fouck et Apollinaire Anakesa
Les décideurs et le grand public disposent ici d’une Nouvelle histoire de la Guyane, documentée à la lumière des travaux les plus récents, et illustrée de photographies d’objets emblématiques du patrimoine, témoignant de la dynamique des cultures guyanaises. L’ouvrage permet de comprendre aisément les mutations dont le pays a été l’objet.

Durant les trois siècles de la période coloniale (1676-1946), les espaces naturels, qui couvrent encore aujourd’hui plus de 80% du territoire, sont perçus comme des obstacles à la mise en valeur, et la pauvreté de la colonie est le lot commun d’une population qui est constamment menacée d’extinction. La départementalisation (1946) change radicalement la vie des hommes. A la fin du XXe siècle, au prix de graves déséquilibres du développement, le nouveau département affiche en effet un niveau de vie relativement élevé, et connaît une exceptionnelle croissance démographique.

L’état de la Guyane contemporaine est néanmoins le fruit de longues tribulations coloniales, au cours desquelles toutes les composantes de la population ont dû adapter leurs manières de voir. Qu’il s’agisse des Amérindiens dans la situation précoloniale comme dans celle créée par la colonisation française ; des ancêtres de ceux que l’on désigne aujourd’hui par le terme de Créoles, qui ont connu et le système esclavagiste et la lutte pour « l’assimilation », valant à leurs yeux décolonisation ; ou encore de ces hommes et de ces femmes qui ont rompu avec la vie sur les habitations esclavagistes du Surinam, pour créer les sociétés marronnes (bushinenge), l’un des lieux les plus remarquables de l’extraordinaire diversité culturelle guyanaise.

L’ouvrage met plus particulièrement en relief les traits de la nouvelle société guyanaise, née de la départementalisation de la colonie (1946), marquée par l’enfermement dans le cercle vicieux de la dépendance économique, et confrontée aux défis que posent les contraintes de l’immigration récente et ceux d’un développement économique que tous appellent de leurs voeux.

Albert Béville alias Paul Niger, par Ronald Selbonne
Albert Béville (1915-1962), de son nom de plume Paul Niger, aura marqué de son empreinte la littérature négro-africaine et antillaise ainsi que l’histoire politique des Antilles et de la Guyane. Poète, romancier, essayiste, militant politique, il est du premier cercle autour d’Alioune Diop qui va porter sur les fonts baptismaux la revue Présence Africaine. Initiateur avec, entre autres, Édouard Glissant du Front des Antillais et Guyanais pour l’autonomie, dissous par de Gaulle, il portera une critique radicale de l’assimilation et sera un des penseurs fondateurs du « nationalisme » antillais.

Florilège de témoignages : Aimé Césaire estime qu’il « a été un des ouvriers de la résurrection de l’Afrique. […] Son expérience des affaires administratives, sa connaissance du monde, sa probité intellectuelle, son tranquille courage, sa mesure, […] faisaient de lui, un leader irremplaçable » ; pour Édouard Glissant « Albert Béville était parmi nous irremplaçable » ; et Guy Tirolien, « ne pense pas qu’il y ait beaucoup de Guadeloupéens qui aient été aussi favorisés par le destin pour faire un tel travail de jardinier intellectuel ». Cette biographie retrace pour la première fois le parcours de l’écrivain et de l’intellectuel engagé en s’appuyant sur des archives inédites. L’auteur lève aussi le voile sur les conditions non élucidées de la mort d’Albert Béville dans le crash d’un Boeing d’Air France le 22 juin 1962 en Guadeloupe.

Ariane et Mars, de Romain Petit
La Guyane n’est souvent connue qu’au travers des clichés et des idées reçues. Il aura fallu l’aventure spatiale française et européenne pour ébranler le mythe de l’enfer vert que l’époque du bagne a épinglé à l’image déjà largement ternie par une histoire turbulente et violente, d’un bout de terre française en Amérique du Sud. De fait, la Guyane est souvent mal connue et rarement comprise. Cette terre de contrastes, d’extrêmes et de richesses variées mérite pourtant que l’on s’y intéresse pleinement. Cette perle de paix dans une région de misère et de violences offre à qui y consent quelque attention mille trésors.

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