« Et ce n’était pas qu’on allait quelque part », tirée de « DreamHaïti » à Lilas en scène

Et ce n’était pas qu’on allait quelque part, nouvelle création de la compagnie Awa, se présente comme une « traversée scénique » tirée d’un texte de Kamau Brathwaite, DreamHaïti, lui-même issu du recueil DreamStories. Sur scène, Mylène Wagram et Katia Scarton Kim interprètent une pièce conçue et mise en scène par Frédérique Liebaut, à découvrir à Lilas en Scène, en proche banlieue parisienne, les 10, 11 et 13 octobre 2014.

Et ce n’était pas qu’on allait quelque part, c’est d’abord la rencontre de Frédérique Liebaut avec les textes de Kamau Brathwaite et notamment Dreamstories, une révélation qui fournit cette nouvelle création de la compagnie Awa présentée en septembre dernier au festival international de la littérature de Montréal. C’est aussi la création d’un tableau en cohérence avec la conception même de la compagnie, désireuse d’amener « la parole poétique sur le plateau… déplacer les perspectives, faire dialoguer les différences ». En effet, ainsi la perception artistique de la compagnie se prolonge à travers la mise en scène d’un auteur dont la poésie traite notamment des racines de l’âme antillaise et retrace les liens et les événements historiques qui ont contribué au développement de la population noire dans les Caraïbes.

DreamHaïti ou RêvHaïti
Traduit de l’anglais par Christine Pagnoulle, DreamHaïti (ou RêvHaïti, Mémoire d’Encrier) est le texte d’un important représentant de la littérature de la Caraïbe qui, au fil des recueils et des publications sur la littérature et la culture, s’est placé comme un poète et auteur contemporain majeur, dont la voix se répand bien au-delà des Caraïbes. RêvHaïti, qui aujourd’hui donne lieu à Et ce n’était pas qu’on allait quelque part, se définit comme un « témoignage d’empathie envers le peuple haïtien ». La maison d’édition permet l’accès à un texte sur le drame vécu par des boat people et qui « épouse la violence de la mer, explosant frontières et noyade de l’imaginaire d’un bout à l’autre des côtes, de Port-au-Prince à la Floride. Éclats de voix, de sens, et de corps. Mêlant tour à tour ressources de la langue vernaculaire, innovations linguistiques et typographiques, Brathwaite écrit une poésie qui tisse le fil des thématiques postcoloniales, historiques et individuelles. »

Avec Et ce n’était pas qu’on allait quelque part, et après Léon-Gontran Damas a franchi la ligne, Frédérique Liebaut met en scène une autre voix de la Caraïbe poétique et fait vivre sur scène les mots de l’auteur. Des mots et une histoire qui pour elle suscitent questions et convient d’autres voix. Pour Frédérique Liebaut, « Et ce n’était pas qu’on allait quelque part est une traversée scénique d’après le texte DreamHaïti du poète barbadien Kamau Brathwaite. Ce poème évoque la tragédie des boat people, des Haïtiens poussés par les conditions économiques et politiques à se jeter à l’eau sur des embarcations de fortune. La promesse de noyade faite aux boat people, sur toutes les mers du globe, est-elle l’ultime perspective ouverte par les grandes traversées transatlantiques qui ont construit le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui ? C’est cette question que j’ai souhaité faire résonner en amenant sur le plateau ce texte de Kamau Brathwaite. Les voix de Henri Bauchau, Christophe Colomb, Malcolm Lowry, Bartolomeo de Las Casas, Aimé Césaire surgissent des ressacs du texte de Brathwaite pour relire cette première rencontre fracassée et fracassante de l’Europe et de l’Amérique et tenter sur les lumineux fragments de nos naufrages de construire un monde qui accueille notre espoir. »

Sur scène, deux comédiennes : Katia Scarton Kim et Mylène Wagram. La première, réalisatrice et diplômée du conservatoire national d’art dramatique de Lausanne, a par exemple joué dans Le Malade imaginaire de Molière ou Ya basta d’après Jean-Pierre Siméon. Mylène Wagram, créatrice de la compagnie Awa, est l’autre interprète de la pièce et est surtout la comédienne caribéenne qui continue d’explorer les univers poétiques de divers auteurs et les contes traditionnels, particulièrement ceux de la Caraïbe. Plusieurs de ses derniers spectacles illustrent cette réalité : Léon Gontran Damas a franchi la ligne, Le triangle des muses (montage de poèmes des trois pères fondateurs du courant littéraire de la Négritude : Aimé Césaire, Léon Gontran Damas et Léopold Sédar Senghor) ou encore Patito et Maryan (d’après des contes traditionnels caribéens).

Et ce n’était pas qu’on allait quelque part sera à Lilas en Scène, centre d’échange et de création des arts de la scène (où la compagnie Awa était en résidence) après des représentations à Montréal et Port-au-Prince.

Et ce n’était pas qu’on allait quelque part : vendredi 10, samedi 11 et lundi 13 octobre 2014
Traversée scénique d’après « DreamHaiti », de Kamau Brathwaite (Traduction, RêvHaïti de Christine Pagnoulle, Mémoire d’Encrier)
Conception et mise en scène : Frédérique Liebaut
Interprètes : Mylène Wagram et Katia Scarton Kim
Entrée libre – Réservation obligatoire au 01 43 63 41 61
Lilas en Scène : 23 bis rue Chassagnolle – 93260 Les Lilas

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