L’histoire de Rafael Padilla, dit Chocolat, dans un documentaire théâtral les 3 et 4 mai 2012 en Martinique


Rafael Padilla, Chocolat
Rafael Padilla, Chocolat

Rafael Padilla, dit Chocolat, est actuellement le sujet de trois spectacles : Chocolat Blues, Chocolat Clown Nègre et d’une conférence spectacle Chocolat, un documentaire théâtral présenté les 3 et 4 mai 2012 sur la scène de l’Atrium en Martinique. Dans ce spectacle d’une forme originale, du Théâtre performance pour les protagonistes, Marcel Mankita assure le rôle de Chocolat, l’historien Gérard Noiriel celui du conférencier et Sacha Gattino est le musicien.

L’histoire de Chocolat permet de porter le regard sur une part de la mémoire collective volontairement non révélée, mais aussi de réhabiliter l’histoire du premier artiste noir en France croqué par Toulouse-Lautrec (Chocolat dancing in the Irish and american bar, 1896), qui mourut dans la misère en novembre 1917 à Bordeaux.

Mise en scène par Jean-Yves Penafiel, la pièce met en juxtaposition le propos de Gérard Noiriel, spécialiste de l’histoire de l’immigration, qui raconte, analyse et fait appel au jeu d’acteur de Marcel Mankita, lequel donne vit au personnage du clown Chocolat. Une « scénographie a pour fonction d’inciter les spectateurs à s’interroger sur l’histoire des stéréotypes et des préjugés de couleur ». L’histoire de Rafael Padilla est celle d’un fils d’esclave vendu à un Européen à l’âge de 12 ans, devenu le premier artiste noir de France. Il fit carrière aux côtés de Footit, qui dans leur duo était le clown blanc autoritaire, alors que Rafael Padilla, Chocolat, était lui l’Auguste, souffre-douleurs. Une représentation concrète de la relation entre noirs et blancs de l’époque.

La conférence spectacle en diffusion depuis la saison 2009/2010 et de passage en Martinique revêt plusieurs intérêts : « Le propos du spectacle, empreint à la fois d’humour et de gravité, conjugue la connaissance et l’émotion, l’analyse et le témoignage. C’est l’occasion de rappeler qu’il existe toujours deux façons de raconter l’histoire : l’histoire savante des chercheurs et la mémoire des acteurs. Le public est invité à s’identifier aux malheurs du clown Chocolat, mais en même temps il est conduit à s’en distancier, pour éviter de sombrer dans le mélodrame et d’alimenter une vision du monde peuplée de victimes et de coupables. Les souvenirs de Chocolat et l’analyse de l’historien mettent en évidence les ressources que peuvent mobiliser les personnes stigmatisées afin de rompre avec le statut de victimes et devenir des acteurs de leur propre vie ».

Ce spectacle est aussi une occasion, chemin faisant, d’enrichir la mémoire collective sur les questions de l’esclavage, de la colonisation et de l’immigration. À partir de l’histoire véridique de Rafael Padilla, un hommage est rendu au rôle essentiel qu’ont joué les artistes issus de toutes ces immigrations dans le développement du spectacle vivant en France.

Chocolat à L’Atrium
De Gérard Noiriel… spécialiste de l’immigration, présente un panorama de l’histoire des discriminations dans ce documentaire théâtral. Mais son propos est « perturbé » par l’arrivée du clown Chocolat. L’histoire savante est ainsi complétée par celle de Rafael Padilla. Né à Cuba en 1864, esclave, il a connu la gloire en France à la fin du 19e siècle, grâce au duo avec Footit qui marquera l’histoire des clowns. Mais on en a oublié l’aspect racial. Le succès tient au fait que le clown noir est toujours ridicule, humilié par le clown blanc. Sur scène, Chocolat reproduit le numéro qui faisait rire les Français sur des images d’archives. Fiction et réalité historique se télescopent. Le spectateur s’interroge sur l’histoire des stéréotypes, des préjugés de couleur, sur leur l’évolution depuis un siècle et les formes actuelles d’humiliation. Un propos empreint à la fois d’humour et de gravité.

Chocolat
Conférence-spectacle, à l’Atrium
Cmac
6 rue Cazotte
97200 Fort de France
Martinique
Jeudi 3 mai 2012 – 20 h
Vendredi 4 mai 2012 – 20 h

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