« Mika, heure locale », annoncée sur la scène du Tarmac

Du 24 au 28 juin prochains, les soirées du Tarmac, à Paris, seront marquées par la présentation de deux spectacles qui, chacun dans son expression, aborde les questions liées à la mémoire et à la liberté.

Deux spectacles seront au programme du Tarmac chaque soir du 24 au 28 juin prochains. Le premier est une performance basée sur une page trop peu connue de l’histoire de Madagascar, en l’occurrence l’insurrection malgache qui débute en avril 1947 et qui donne aujourd’hui lieu à Voix d’insurgés (Rano, Rano) d’après les textes, la voix et la mise en scène du l’auteur malgache Raharimanana. Pour l’autre, il s’agit de Mika, heure locale : création de la chorégraphe guadeloupéenne Myriam Soulanges, dans laquelle il est effectivement question de mémoire, plus précisément la mémoire de soi et de son identité. Perspectives qu’évoquent sur scène Myriam Soulanges avec Xavier Chasseur-Daniel et qui sont en rapport direct avec leur identité caribéenne. La mémoire est le point de départ de cette création comme l’explique la chorégraphe dans le carnet danse du Tarmac : « ici… là-bas… souvent ce sentiment de ne pas appartenir à… revenait avec récurrence dans ma mémoire et donc dans mon propos. La méconnaissance d’une partie culturelle identitaire de soi, son approche et la force que cela procure, l’épaisseur et l’intensité de cette identité ‘chabinisée’, l’acceptation, ne plus nier, mais regarder l’intérieur de soi ».

Mika, heure locale, renferme en partie la matérialité des parcours du duo de danseurs interprètes de la pièce.

Mika, heure locale… en d’autres mots
Le titre de la pièce Mika, heure locale, globalise une part des perceptions concrètes émanant de l’enfance des artistes qui occuperont la scène durent 25 minutes et diverses dimensions de leur vision de la Guadeloupe, pays dont ils sont tout deux originaires. Un titre qui, avec l’explication fournie par Myriam Soulanges à Bernard Magnier (Le Tarmac), trouve une lecture à la fois personnelle et même intuitive. Selon elle, « Mika, c’est le nom en Guadeloupe, des chaussures en plastique que l’on retrouve dans de nombreux pays d’Afrique et dans toutes les îles de la Caraïbe. Ici, c’était la chaussure de la honte, la chaussure de la pauvreté sociale, la chaussure de la punition… Aujourd’hui, malgré un court phénomène de mode, ce sont en particulier les pêcheurs qui les portent, les anciens, ceux qui frappent fort le domino en criant ‘boudé !’, ceux qui écoutent Négoce avec son Kadril, ‘cavaliers aux dames’, ceux qui content les histoires des mornes. ‘Heure locale’ c’est la réalité de l’île, son décalage avec la métropole, quelque chose qui est fait ici, mais qui se transforme en passant par nos souvenirs d’enfance, notre parcours en métropole et cette certitude qui prend corps et sens en étant sur l’île. »

Plus précisément, l’histoire est celle « d’un couple de danseurs. L’un et l’autre contraint dans un carré huis clos. Il est comme rivé au sol. Elle est tenue à terre, les pieds englués. Ils tentent de résister, de se rebeller, de s’abstraire, puis, à deux, ils vont oser l’aventure du geste, libérer le corps et la coiffure, quitter les artifices, les musiques et les habits d’emprunt, refuser l’interdit et le simulacre, se saisir de leur destin. Jeu de couleur des vêtements, lunettes de soleil et sandales en plastique, exutoires abandonnés, contraste des rythmes et des musiques… Avec la danse en partage, choisir ses pas, être enfin soi-même contre toute attente, contre toute atteinte. Il y a sans doute de cette trajectoire dans l’itinéraire de Myriam Soulanges et de Xavier Chasseur-Daniel, l’un et l’autre de retour en Guadeloupe après des allers-retours vers New York ou la métropole. »

Mika, heure locale (dans la même soirée que Rano, Rano)
24 juin au 28 juin 2014 – Mardi au vendredi à 20 h, le samedi à 16 h
Le Tarmac (159 avenue Gambetta – 75020 Paris) de 5 à 20 euros la place

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