Raphaëlle Delaunay, Bernardo Montet et Kettly Noël au Festival Fragile Danse

Ginger Jive - Raphaëlle Delaunay © Philippe Savoir
Ginger Jive - Raphaëlle Delaunay © Philippe Savoir

Le théâtre des Bouffes du Nord à Paris accueille du 22 au 26 novembre le festival Fragile Danse. Un événement de danse contemporaine lors duquel on retrouvera, entre autres chorégraphes, Raphaëlle Delaunay, Bernardo Montet et Kettly Noël. Des artistes aux origines diverses, Martinique, Guyane ou Haïti, pour cette première édition placée sous influences africaines.

« À l’origine seraient les corps fragiles d’une dizaine de danseurs et danseuses : une réunion d’artistes aux antipodes les uns des autres, unis seulement par notre désir de faire s’entrechoquer les esthétiques ici et maintenant. Ce sont des créateurs singuliers difficilement assignables dans nos cases et catégories. Mais ils sont les symptômes d’un temps ou nos académismes et nos disciplines vacillent… ».  C’est à Raphaëlle Delaunay que reviendra la responsabilité d’ouvrir ce festival avec deux re-créations, Ginger Jive (2009) et Erzulie (2005). La jeune femme d’origine martiniquaise, qui multiplie les créations (Hot Dogs, Bitter Sugar, Eikon, etc.), s’est vue proposer la création de Pétrouschka d’Igor Stravinski en avril 2012 avec l’Orchestre philharmonique de Radio France. Raphaëlle Delaunay a aussi été interprète pour Bernardo Montet, qui sera également présent lors du festival avec Onde de choc, une performance composée, présentée pour la première fois en France et qui réunira trois artistes : un danseur (Bernardo Montet), un plasticien (Paul Bloas) et un musicien (Serge Teyssot-Gay). Chorégraphe et interprète, Bernardo Montet, enfant d’un père guyanais et d’une mère vietnamienne, a grandi entre la France et l’Afrique, un continent qui lui inspire souvent des pièces dans lesquelles il aborde des sujets tels que  » le colonialisme, la mémoire, l’identité, la conscience des corps, la résistance ».

Comme Bernardo Montet, Kettly Noël connaît l’Afrique. La chorégraphe née à Port-au-Prince, en Haïti, a créé le premier festival de danse contemporaine de Bamako au Mali, après avoir vécu au Bénin. Les 25 et 26 novembre, elle dansera avec Nelisiwe Xaba dans Correspondances, une pièce qu’elles ont toutes deux chorégraphiée. Elles viennent compléter le « panorama de quelques musts de ces danses fragiles à travers le monde du continent africain au continent américain en passant par l’Europe » qui par ailleurs proposera les chorégraphies de Steven Cohen, d’Israel Galván, de Yoann Bourgeois et de Dada Masilo.

Correspondances © Eric Boudet
Correspondances © Eric Boudet

Les chorégraphies
Mardi 22 novembre, 20 h 30
Ginger jive de Raphaëlle Delaunay : l’histoire de la diaspora noire est certes douloureuse, mais elle trouve dans le jazz et le swing une voix d’expression joyeuse et entraînante. Dans Bitter Sugar, forme originelle de Ginger Jive, Raphaëlle Delaunay et Asha Thomas formaient un duo élégant et cocasse ; les Nicholas’s brothers au féminin en quelque sorte. Ici, elles réinventent les danses swing avec toute la distance que leur donne leur expérience au sein des plus grandes compagnies de danse classiques, moderne et contemporaine (Opéra de Paris, Alvin Ailey, Pina Bausch…). Tour à tour complices ou rivales, le plaisir que ces deux femmes noires (l’une est métisse antillaise, l’autre afro-américaine) prennent à s’emparer de ces danses nègres, se fait subversif. Elles flirtent avec l’exotisme comme pour mieux s’en défendre, à la manière d’une Joséphine Baker ou d’un Louis Amstrong roulant des yeux et des hanches avec un sourire entendu.

Erzulie, de Raphaëlle Delaunay : langage de la capoeira, urbain et violent, auquel je me suis confrontée pour les besoins de jeux d’intentions, un spectacle sur la diaspora noire au Brésil crée en 2005. Toujours à la recherche d’une « terra incognita » qui intègrerait candomblé, capoeira et danse classique avec notamment l’usage des pointes, ce solo fait aujourd’hui l’objet d’une relecture. Volonté d’élévation contrariée par un tapis de salon qui se dérobe sous l’impact des pointes acérées entraînant fatalement le corps dans la chute. La ballerine déchu, se réinvente un espace entre terre et ciel avec le tapis pour partenaire d’infortune. Tapis volant, tapis de prière… espace sacré profané par une danse pas très « catholique ».

Jeudi 24 novembre, 20 h 30
Onde de choc,
selon Bernardo Montet : la rencontre de trois artistes : un danseur, un plasticien, un musicien. Bernardo Montet, Paul Bloas, Serge Teyssot-Gay. Peindre la danse, danser la peinture… de l’éphémère à l’immanence. Peindre en direct un corps en présence, dans son mouvement, en puissance. Un corps immobile dans son potentiel de déplacement, dans son potentiel de danse, une figure. De cette trace, une danse émerge. Une transe se propage dans l’espace et le temps.

Vendredi 25 et samedi 26 novembre, 20 h 30
Correspondances :
Vingt et une heures à Paris, à Johannesburg. Dix-neuf heures à Bamako. Treize heures à Port-au-Prince. Deux êtres, deux femmes se retrouvent après de nombreuses correspondances. Lieu du rendez-vous : sous un lampadaire d’une ville du présent, devant une discothèque, la plage, une chambre, un cabinet de toilette. Retrouvailles. Elles sont là. Les corps sont là, ces dames sont là. Elles sont là au rendez-vous pour se raconter leurs vies, échanger leurs avis, pour rire, pour se disputer. Un baiser par ci, un coup par là. Les femmes s’agacent et se disputent le monde. De la tendresse aussi, une caresse sensuelle, une invitation? Elles se retrouvent enfin, le temps d’un désir incertain. Un moment quelque part, le temps d’un rêve ou tout et rien n’existe à la fois. Ces deux dames sont des femmes heureuses comblées par la vie. Elles sont amoureuses de…, ennemies de…, idoles de… Mais qui sont ces dames ?

Festival Fragile Danse
Mardi 22 au samedi 26 novembre 2011, 20 h 30 au Théâtre de Bouffes du Nord
37 bis, boulevard de la chapelle
75010 Paris

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