Festival d’Avignon 2013 : le programme du TOMA

Le TOMA, théâtre d’Outre-mer en Avignon, fête en 2013 sa 16e édition avec notamment le spectacle Avé Césaire, qui marquera le centenaire du poète. L’impact d’autres écrivains de la Caraïbe comme Édouard Glissant et Maryse Condé planera aussi sur le festival du 8 au 31 juillet au théâtre de la Chapelle du Verbe Incarné.

Hubert Petit-Phar
Hubert Petit-Phar

C’est logiquement le centenaire d’Aimé Césaire qui marquera l’ouverture du festival : un hommage sera rendu en musique au père de la Négritude que le monde célébrera encore durant les mois à venir. Le spectacle, produit par le collectif On a slamé sur la lune, adaptation des textes de Marc Alexandre Oho Bambe, rend hommage à l’auteur martiniquais qui inspire cette nouvelle saison comme le confirment les mots des responsables : « cette saison encore, la Chapelle du Verbe Incarné devient le temps du festival une nation sans frontières. On l’appelle Guadeloupe, Aquitaine, Guyane(…). Une nation hybride, citadine, maritime et montagneuse. Une nation imaginaire qu’elle rêve et porte depuis 16 ans maintenant (…) L’horizon de cette nation s’appelle Aimé Césaire, cent ans pour l’éternité, sa poésie est comme le chant des sirènes – elle ne meurt jamais ».

Le TOMA, désormais bien installé dans le programme du festival Off d’Avignon, proposera plusieurs pièces : La Loi de Tibi, L’Os, P’tite Souillure, Terre Sainte, Les Irrévérencieux. La loi de Tibi, dans une mise en scène de Jean-Michel Martial, qui joue également aux côtés de Karine Pédurand, est une pièce de Jean Verdun où, selon l’auteur,« l’action est ancrée en Afrique, mais peut se situer dans n’importe quel lieu d’intense misère : bidonville, favela, township, poblaciòn, centre de rétention ou de réfugiés ». Pour Jean-Michel Martial, qui tient le rôle de Tibi, « la pièce parle de l’avoir, du pouvoir et du valoir, de l’avidité, ces fléaux qui étouffent nos sociétés. La pièce parle de l’Homme. On le pleure et on le chante. L’être humain est interrogé symboliquement et se retrouve face à ses propres contradictions (…) ». Le comédien, qui s’illustre depuis bien des années sur les scènes de théâtre, investit ici « un personnage drolatique et cosmopolite qui se voudrait en vain citoyen du monde », un personnage qui, « après avoir vécu en France, où il a été professeur en banlieue parisienne difficile, puis à New York comme cireur de chaussures et laveur de carreaux, Tibi, de retour en Afrique, vit dans un bidonville avec la fonction traditionnelle de Diseur et Maître des cérémonies. Pour gagner sa vie, Tibi doit jouer la comédie. Il fait rire et pleurer (…). »

La compagnie Ks and Co qui fait véritablement vivre le théâtre vivant non seulement dans la ville de Saint-Laurent du Maroni depuis 2003 mais aussi dans toute la Guyane sera au TOMA avec la pièce mise en scène par Ewlyne Guillaume, également directrice artistique de la compagnie. Avec L’Os, unique pièce de Birago Diop « associé au mouvement de la Négritude de Léopold Sédar Senghor », la pièce « confronte les habitudes de la tradition et les besoins nouveaux de la société moderne ». Interprétée par les jeunes comédiens du Théâtre École Kokolampoe et Serge Abatucci (autre grand animateur de la vie artistique de l’ouest guyanais), il s’agit d’une « comédie chantée et jouée. Le village des hommes longtemps privé de viande, reçoit un beau bœuf entier que les villageois doivent conformément à la coutume, se partager. Mor lam a obtenu le morceau qu’il convoitait : un os ! son ami Moussa passant le voir par hasard (?) a senti l’odeur de viande et compte sur l’honneur, l’hospitalité, la tradition pour se faire inviter. Or Mor lam a décidé de savourer seul son os ».

Plus tard c’est une tragi-comédie musicale qui prendra le relais sur scène : P’tite Souillure, produite par la compagnie théâtre des 2 saisons et le collectif La Palmera (création soutenue par la DRAC Martinique, le conseil régional de la Martinique et le théâtre Aimé Césaire de Fort-de-France). P’tite souillure (sous la double parenté Martinique/Île-de-France) est une histoire simple où « chacun des personnages de la pièce raconte sa propre histoire », dans laquelle « l’humour, les contrastes par l’absurde, sont très présents » et enfin où « les comédiens sont invités à écrire une partition commune de la pièce dans laquelle chacun trace son propre sillon de langue et de corps… ».

Durant la période du festival, d’autres grands moments attendent le public au registre de la danse et de la scène contemporaine : Hurlant Corps, un spectacle de danse hip-hop chorégraphié par David Milôme et pour lequel José Exelis, metteur en scène et comédien martiniquais, a apporté sa collaboration artistique. Au nombre des événements à vivre au théâtre de la Chapelle, des invitations à échanger et à découvrir avec notamment, le 23 juillet 2013 à 11 h, une lecture-rencontre autour de La Mulâtresse Solitude, l’œuvre d’André Schwarz-Bart, événement qui se déroulera en présence de Simone Schwarz-Bart et Jacques Schwarz-Bart. Par ailleurs, du 13 au 15 juillet 2013 à 11 h, les écrans du Tout-Monde, qui allie projections et rencontres, prévoit dans sa programmation Au bout du petit matin, Aimé Césaire, de Sarah Maldoror, qui sera suivi, le 13 juillet, d’une rencontre avec Romuald Fonkoua, directeur du Centre International d’Études francophones à La Sorbonne.

Les performances d’Elodie Barthélemy, d’origine franco-haïtienne, rythmeront aussi le festival, du 8 au 31 juillet à la galerie du théâtre. Le TOMA, c’est véritablement tout un programme à ne pas manquer, à partir du 8 juillet 2013.

La Loi de Tibi (compagnie l’Autre souffle, mise en scène Jean-Michel Martial)
Du 8 au 31 juillet 2013, à 13 h 40 (relâche le 16 et le 24 juillet)

L’Os, une comédie chantée et jouée (compagnie KS and Co, adaptation et mise en scène Ewlyne Guillaume)
Du 8 au 31 juillet 2013, à 15 h 40 (relâche le 16 et le 24 juillet)

P’tite Souillure, une tragi-comédie musicale (compagnie théâtre des 2 saisons et collectif la Palmera)
Du 8 au 31 juillet 2013, à 17 h (relâche le 16 et le 24 juillet)

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