« Gwoka : l’âme de la Guadeloupe ? » disponible en DVD

À quelques semaines du premier anniversaire de la disparition de Guy Konket, la sortie en DVD du film Gwoka, l’âme de la Guadeloupe ? permet de se replonger, à travers quelques-unes de ses interventions, au cœur de la culture guadeloupéenne. Un moyen de mieux comprendre comment cette composante incontournable de la tradition guadeloupéenne a réussi sa transmission intergénérationnelle.

Le film de Caroline Bourgine et Olivier Lichen, sorti en 1995, nous guide à travers les swaré lèwoz et nous permet d’apprécier l’ardeur créatrice et le sens de cette musique. Dès les premières images, le ton (et le son) est donné, avec l’apparition d’Henri Delos, l’un des grands maîtres ka, disparu lui aussi. Il compte parmi ceux qui ont guidé bien des vocations chez les musiciens actuels. Le film dessine le profil de ces ambassadeurs imprégnés de cet héritage et qui ont fait leur une part de la mémoire de l’île. On y retrouve : Man Soso, la mère de Guy Konket, présentée comme « la gardienne du léwoz sur l’habitation Jabrun » ; Carnot, autre ténor du milieu ; ou encore Napoléon Magloire, reconnu comme l’un des musiciens et l’une des plus anciennes voix du gwoka.

Gwoka : l’âme de la Guadeloupe ?
Gwoka : l’âme de la Guadeloupe ?

Un matériau culturel mis en valeur
Ces figures emblématiques, d’un héritage musical aujourd’hui bien préservé, ont eu pour dépositaires d’autres hommes devenus à leur tour des protagonistes insatiables, garant de la durabilité et de l’épanouissement du gwoka. Un travail dont les effets se ressentent alors jusqu’en dehors des frontières guadeloupéennes. Parmi ces musiciens influents, on retrouve dans le film Guy Konket qui se souvient de sa rencontre avec le gwoka et ses rythmes, toumblak, graj, kaladjya, granjanbèl, etc. dès son plus jeune âge aux côtés de sa mère et de Carnot.

Guy Konket, dont on comprend le rôle précurseur par la voix de Joel Nankin, autre témoin de ce documentaire, qui au long de ces interventions fait le portrait d’une musique qui se veut, en plus, d’une portée artistique, se fait outil de revendication. On relève dans ce film ce qui fait le lien entre cet art et les générations de Guadeloupéens qui se succèdent. Musiciens et danseurs qui disent leur perception de ce matériau culturel mis en valeur et continuellement modernisé, confirmant ainsi le propos de Joël Nankin sur la pérennité de cet héritage, expliquant sa réappropriation par les « jeunes qui ont autre chose à dire ».

48 minutes de bonus inédit
Sans toutefois aller au fond des choses, le film permet de suivre le parcours d’une reconquête de la tradition qui a survécu à l’esclavage ou à la politique d’assimilation. On en perçoit le rôle dans la vie culturelle et sociale, on ressent l’impact d’une personnalité comme le maître Vélo, la teneur en symboles multiples dans la société où elle se diffuse, l’influence consciente auprès des jeunes qui, par la suite, favorise cet engouement permanent pour les swaré lèwoz qui structurent les événements autour du gwoka.

Devant les caméras de Caroline Bourgine et Olivier Lichen ou aux commandes de leurs instruments, une vingtaine d’intervenants proposent des éléments de témoignages ou des commentaires pour permettre de mieux cerner leur statut d’acteurs de la vivacité de l’âme du gwoka en Guadeloupe.

Récemment récompensé par l’académie Charles Cros, ce film peut entrer dans vos DVDthèques comme un document de référence. Au film de 55 minutes s’ajoutent une version sous-titrée en anglais et 48 minutes de bonus. On y retrouve par exemple Félix Flauzin, bien connu en Guadeloupe, il est non seulement musicien, qui considère le gwoka, ses rythmes et les instruments qui le caractérisent avec l’œil d’un chercheur. Une fois encore, des conversations qui, même si elles datent des années 90, permettent de comprendre comment le gwoka a progressivement gagné le devant de la scène. Au final, Gwoka : l’âme de la Guadeloupe ? constitue pour ceux qui ne connaissent pas le gwoka l’occasion d’entendre les hommes et femmes qui l’ont fait et joué il y a encore quelques années. Ils y retrouveront des éléments sociologiques qui renseignent sur la présence actuelle de cette tradition dans les écoles et les ateliers de musique guadeloupéens et sur les scènes bien loin de la Guadeloupe. Les autres y retrouveront des images qui enrichiront le film de leur mémoire.

Gwoka : l’âme de la Guadeloupe ?
Les tambours du gwoka résonnent en Guade­loupe depuis l’arrivée des premiers esclaves. Enracinée dans l’histoire rurale de l’île, longtemps rejetée, cette tra­di­tion musicale sym­bol­ise aujourd’hui la reconquête par la pop­u­la­tion de son iden­tité pro­fonde. Un public tou­jours plus large retrouve le chemin des soirées lèwoz, cap­tivé par les défis que se lan­cent tout au long de la nuit les bat­teurs, les chanteurs et les danseurs. Pour la pre­mière fois, un film saisit cette musique dans sa dynamique sociale et his­torique. D’un lèwoz à l’autre, au fil des ren­con­tres, il nous en restitue sa richesse et sa force.

Gwoka : l’âme de la Guadeloupe ?
De Caroline Bourgine et Olivier Lichen
Zararod productions

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