Reggae, blues, gwoka : les voix puissantes de Terre de Blues à Marie-Galante

Pour sa 23e édition, le Festival Terre de Blues revient du 6 au 9 juin 2025 à Marie-Galante, porté par les thématiques contemporaines Voix et Vérité. Une programmation éclectique qui mêle mémoires musicales, rythmes caribéens et engagements d’aujourd’hui, dans un mouvement unissant plusieurs générations et des cultures variées.

Le Festival Terre de Blues revient du 6 au 9 juin 2025 pour une 23e édition placée sous le signe des Voix et Vérité. À l’Habitation Murât, site historique et culturel emblématique de Marie-Galante, mais aussi au Village Caraïbes de Grand-Bourg, transformé pour l’occasion en carrefour des expressions artistiques, le public découvrira une programmation riche et résolument tournée vers le monde.

À l’affiche, le blues caribéen du groupe Delgrès côtoiera la légende vivante du reggae Burning Spear, accompagnés d’une dizaine d’autres artistes venus des Caraïbes et d’ailleurs. L’ouverture du festival, le 6 juin, sera assurée par La Bande à Carnot qui revisite le répertoire créole tout en célébrant l’héritage culturel antillais.

Fidèle à son esprit d’ouverture, Terre de Blues célèbre les voix multiples, parfois engagées, « qui chantent, qui murmurent, qui déclament, qui dénoncent, qui apaisent » et sont portées par des esthétiques variées : jazz, salsa, gwoka, konpa, zouk…

Du gwoka incarné par Patoray, mémoire vivante de la Guadeloupe, au blues-rock insurgé de Delgrès, en passant par les sons dancehall de Krys ou les classiques créoles de La Bande à Carnot, le festival fait la part belle à toutes les voix. Des Voix et Vérité qui se déclineront dès le 6 juin en créole en tambour ou en flow et des artistes en conversations avec le monde qui les entoure.

Burning Spear et Saël
Cette année, deux figures du reggae sont au programme, séparées par les générations mais unies par leur style engagé : Burning Spear et Saël. D’un côté, Burning Spear, monument vivant du reggae roots, porte-voix infatigable depuis plus de quarante ans de messages aux vérités intemporelles et universelles. De l’autre, Saël, artiste martiniquais, figure du reggae-dancehall caribéen, dont la voix reconnaissable entre toutes (observation également valable pour son illustre aîné…) incarne le renouveau du genre dans la sphère antillaise. À travers les deux artistes, qui seront sur scène le samedi 7 juin, c’est toute l’histoire du reggae qui se donne à entendre avec leurs messages encourageant la prise de conscience et qui, dans le même temps, offrent une musique en perpétuelle évolution, nourrissant le dialogue entre différentes générations et avec le monde.

La version 2025 de Terre de Blues met encore en évidence le renouvellement incessant du blues à travers les artistes qui s’en nourrissent. Le public attendu à l’Habitation Murât reviendra aux racines grâce à Jontavious Willis, qui puise sa musique dans sa Géorgie rurale, incarne la relève du blues traditionnel américain et réinvente les sonorités du Delta, du Piedmont ou du Texas – comme pour dire que le blues est une musique toujours en mouvement… Le voyage se poursuivra avec le blues de Delgrès, qui prend racine en terre créole, une dimension à laquelle Pascal Danaë, Baptiste Brondy et Rafgee insufflent un souffle à la fois insulaire et rebelle… Et ce sera à Yuri Buenaventura que reviendront les derniers mots sur le site de l’Habitation Murât, lui qui convoque les grandes figures de la chanson, comme Brel et tant d’autres, et fait résonner leurs récits à travers les rythmes de son Amérique latine.

Pour clore un festival à la programmation prometteuse, c’est à la formation T-Vice qu’il reviendra de représenté le konpa en Terres de blues. Le groupe, qui a su se moderniser tout en conservant ses racines haïtiennes, fera vibrer le Village Caraïbes basé au Grand-Bourg le lundi 9 juin. L’occasion de confirmer leur engagement continu dans l’évolution du konpa, comme on a pu le constater en 2024 avec le single Pa atake.

L’un des fils rouges du festival 2025 pourrait bien être la fusion. Les artistes à l’affiche brouillent les frontières entre les styles et les époques, entre les langues et les territoires. Elida Almeida, par exemple, mêle les traditions du Cap-Vert, comme le funaná et le batuque, à des influences contemporaines. Big In Jazz Collective concentre également des influences multiples en mêlant avec brio biguine, gwoka, jazz et d’autres sonorités. Leur musique, à la croisée de différentes inspirations livre une énergie contemporaine au programme du festival, comme Joé Dwèt Filé, auteur-compositeur devenu interprète, qui dans un autre répertoire invite lui aussi à partager son univers imprégné de grooves caribéens.

Avec ses voix singulières, ses vérités plurielles et ses musiques sans frontières, le Festival Terre de Blues 2025 qui propose des manifestations et bien d’autres animations autour des rendez-vous sur scènes, s’annonce comme un temps fort de la scène caribéenne et internationale. Un rendez-vous ancré dans son territoire mais toujours en résonance avec les réalités, les rêves et les rythmes du monde.

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