Une sélection de l’œuvre de Joaquin Ferrer exposée à la Maison de l’Amérique latine à Paris

Artiste peintre, dessinateur cubain, Joaquin Ferrer, installé à Paris depuis les années 60, est l’auteur d’œuvres classées dans le style de l’abstraction lyrique » qui rappelle les arts premiers. Jusqu’au 9 septembre 2017, la Maison de l’Amérique latine à Paris accueille une exposition qui rassemble notamment plusieurs de ses œuvres de sa collection.

Presque 50 ans après une première exposition à Paris, la Maison de l’Amérique latine offre l’ensemble de ses espaces d’exposition à l’artiste cubain Joaquin Ferrer, pour présenter au public parisien une sélection représentative d’une œuvre unique et immense. L’exposition conçue par le commissaire Serge Fauchereau se veut rétrospective, en présentant non moins de 110 peintures et dessins de l’artiste, de ses années de jeunesse, à La Havane, jusqu’à nos jours, dans son atelier parisien.

« Suivant les périodes de son œuvre, Ferrer se joue des couleurs, des droites et des courbes et des deux dimensions, sans crainte des leurres de la profondeur qu’il utilise ou rejette à son gré. Cette allègre liberté lui permet de passer d’une fragile petite aquarelle ou un tableautin à un vaste panneau monumental avec la même invention renouvelée » souligne Serge Fauchereau, commissaire de l’exposition.

Pour Joaquin Ferrer, tout semble avoir débuté en mai‐juin 1968
Pour une première exposition personnelle, en plein Quartier latin, cela paraît le plus mauvais moment qu’on puisse imaginer ; mais les gaz lacrymogènes n’aveuglaient pas tous les yeux. Des observateurs perspicaces aussi différents qu’Alain Bosquet et Catherine Millet ont aussitôt attiré l’attention sur un artiste qui avait enthousiasmé Max Ernst. Dès lors, le mot circulait parmi les curieux de nouveauté : Avez‐vous vu ce peintre cubain exposé au Point Cardinal ? C’était un abstrait, assurément, mais sans violence gestuelle, sans giclements de peinture ni sécheresse mathématique et pour l’heure doué d’une pondération capable de conjuguer la géométrie et les formes organiques. Quelques mois plus tard, Bruxelles et Genève commençaient à exposer Ferrer et tout aurait pu s’enchaîner commodément pour un artiste au style reconnaissable et reconnu.

Automne disponible, acrylique sur carton Arches marouflé sur bois
Automne disponible, 2011, acrylique sur carton Arches marouflé sur bois

En réalité, rien n’a été aussi simple et ce sera un des objectifs de la présente rétrospective de montrer un développement chronologique plus complexe et richement diversifié. Chez un peintre qui s’est toujours tenu en retrait des groupes et des mouvements constitués, il faut remonter à sa préhistoire, à Manzanillo (où il est né en 1928) puis à La Havane où il expose dès le milieu des années 1950. Comme ses amis Jorge Camacho et Agustín Cárdenas, Ferrer s’intéresse d’abord au surréalisme tout en gardant ses distances. Si les jungles de son aîné Wifredo Lam le retiennent, ses entrelacs personnels resteront toutefois non figuratifs, familiers d’un monde ni onirique ni fantastique, tramant plutôt des tissus végétaux ou de matière vive. Paris où il se fixe aux premiers jours de 1960 le verra désormais engagé dans cette voie où il se ménagera de nombreuses bifurcations.

Eloigné des feux de la rampe, par goût, Ferrer a vécu de plus en plus dans une relative solitude à l’écart des milieux artistiques et mondains, tout en gardant de fidèles amis et collectionneurs en France et à l’étranger, sans se départir d’un contact sensuel avec ce qui l’environne. Il convient volontiers être perpétuellement attentif aux êtres et aux choses et trouver ses formes, ses couleurs, ses structures dans les arbres, les oiseaux, les variations de la lumière et des éléments, ses proches et les passants de la rue… Toujours vue de l’intérieur, la vie prend d’autres couleurs, se traduit en plans qui s’amenuisent en lignes ou le contraire, en figures qui peuvent s’épaissir en volumes ; des espaces noirs s’éclairent soudain de trouées polychromes, des cristaux d’obscurité voguent sur des plans unis, des remous suscitent des sentiments, des émotions deviennent concrètes… (Serge Fauchereau)

Un catalogue paru aux éditions Hermann accompagne l’exposition
Pour Joaquín Ferrer, tout semble avoir débuté en mai-juin 1968. Pour une première exposition personnelle, en plein Quartier latin, cela paraît le plus mauvais moment qu’on puisse imaginer ; mais les gaz lacrymogènes n’aveuglaient pas tous les yeux. Des observateurs perspicaces aussi différents qu’Alain Bosquet et Catherine Millet ont aussitôt attiré l’attention sur un artiste qui avait enthousiasmé Max Ernst. Dès lors, le mot circulait parmi les curieux de nouveauté : « Avez-vous vu ce peintre cubain exposé au Point cardinal ? » C’était un abstrait, assurément, mais sans violence gestuelle, sans giclements de peinture ni sécheresse mathématique et pour l’heure doué d’une pondération capable de conjuguer la géométrie et les formes organiques. Quelques mois plus tard, Bruxelles et Genève commençaient à exposer Ferrer et tout aurait pu s’enchaîner commodément pour un artiste au style reconnaissable et reconnu.

En réalité, rien n’a été aussi simple et c’est un des objectifs de la rétrospective à la Maison de l’Amérique latine (25 mai-29 juillet 2017) de montrer un développement chronologique plus complexe et richement diversifié.

Joaquín Ferrer (Hors Collection, 180 illustrations), 30 euros
Juan Manuel Bonet, Serge Fauchereau

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