« Artistes Alchimistes » : l’or comme miroir des mémoires des Antilles

Du 3 au 8 juillet 2025, Artagon Pantin accueillera Artistes Alchimistes – Ce que recouvre l’or, une exposition collective rassemblant les œuvres de six artistes femmes. Une proposition forte, portée par La Maison Gaston, maison d’art créole fondée en 2021 par Christelle Clairville, dans le cadre d’une collaboration entre l’IESA arts&culture et Artagon.

Cette exposition, pensée comme « une traversée de l’histoire coloniale des Antilles et de ses conséquences : blessures transgénérationnelles, racisme, pertes de liens ancestraux, tabous familiaux », s’inscrit dans un projet plus large de la Maison Gaston : faire émerger « un autre récit des Antilles » à travers le travail des artistes qui les habitent et font vivre ses héritages.

Karib, ¿Dónde está el oro?

Artistes Alchimistes marque un moment fort de la résidence Artagon Pantin, en région parisienne, qui accueillera en parallèle les projets de fin d’année de trois étudiant⸱es de l’IESA. Christelle Clairville y présentera donc son projet aux côtés des jeunes diplômé⸱es, poursuivant ainsi son engagement pour une visibilité accrue des artistes de Guadeloupe et de Martinique.

Les six artistes réunies, Adeline Chapin, Florence Gossec, Karib, Mathilde et Pauline Bonnet, et Mélissa Ruster, incarnent cette volonté de valoriser la création au féminin, en explorant différentes formes et matériau de la mémoire. Entre installations, bijoux, sculptures, ou arts plastiques, chacune alchimise l’or, matière précieuse et symbole lourd de sens pour mieux révéler les strates de l’histoire.

Dans le cadre de l’exposition, une table ronde intitulée « Les processus alchimiques dans la création » se tiendra le samedi 5 juillet, offrant un espace de dialogue autour des pratiques artistiques et de leur capacité à transformer les matériaux, les mémoires et les blessures.

Une expérience de guérison
Cette exposition est une traversée portée par six femmes qui ont fait de leur pratique artistique un processus alchimique, un chemin vers la guérison. Toutes ces artistes utilisent la matière de leurs vécus – souffrance, deuil, mémoire, pour créer sans relâche. Karib, les sœurs Bonnet et Adeline Chapin en font un travail quasi-documentaire, s’appuyant sur des archives, qu’elles soient familiales ou historiques, tandis que Florence Gossec et Mélissa Ruster transfigurent leurs vécus personnels à travers une approche presque contemplative, où la répétition des gestes leur permet de s’oublier dans l’acte de création.

Ce que recouvre l’or
Que ce soit chez Karib, qui explore les mémoires des lignées de femmes Kalinagos avant elle, où chez Pauline et Mathilde Bonnet, qui exorcisent leurs blessures d’enfance par le biais de leur pratique artistique, l’or est synonyme de blessure, de tabou.

Les travaux de Mélissa Ruster et Florence Gossec, quant à eux, sont plutôt une forme d’introspection. Pour Mélissa Ruster, c’est une méditation archéologique dans les tréfonds de sa mémoire ancestrale, une façon de se connecter à ses origines. Chez Florence Gossec, la sculpture du laiton est une manière d’invoquer les moments heureux de son enfance, l’or devient symbole de renaissance.

Adeline Chapin s’inspire d’archives de ses recherches et de rencontres avec des bijoutiers traditionnels martiniquais pour créer des bijoux-hommages en laiton. D’un autre côté, avec la marque Calendé, elle imagine des collections contemporaines, crée ses propres dessins issus de la flore locale, comme une odeà la nature de son île.

Dans toutes leurs démarches, l’or devient le symbole éclatant de la transformation, de la transmutation des peines en croissance. Alors, cette exposition nous pousse à nous interroger sur nos propres parcours, et sur notre façon de gérer la douleur, la peine. Par quelles voies pouvons-nous transmuter notre vie ? Pour Gaston Bachelard dans La poétique de la rêverie : « l’imagination transforme la douleur en beauté, elle fait de chaque blessure un éclat lumineux. »

La Maison Gaston, qui représente aujourd’hui une vingtaine de talents en Guadeloupe, Martinique et à La Réunion, a été fondée en 2021 par Christelle Clairville pour « rendre visibles les artistes, designer·euses et artisan·es d’art créoles » et cette exposition réaffirme son ambitieux du projet.

Artistes Alchimistes – Ce que recouvre l’or
(Adeline Chapin, Florence Gossec, Karib, Mathilde et Pauline Bonnet, Mélissa Ruster)
3 au 8 juillet 2025
Artagon Pantin
34 rue Cartier Bresson
93500 Pantin

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