Yannick Lahens revient en librairie avec « Passagères de nuit »

C’est une figure incontournable des lettres haïtiennes qui revient : Passagères de nuit, le prochain roman de Yanick Lahens, paraîtra en août 2025 aux éditions Sabine Wespieser. Une publication qui suscite évidemment l’attention : l’œuvre de Yanick Lahens sait, entre autre, faire entendre avec une rare intensité les bruissements et les secousses de son pays natal.

Romancière, essayiste, mais aussi intellectuelle engagée, Yanick Lahens incarne une littérature haïtienne lucide, poétique et politique. Ses romans n’écrivent pas seulement Haïti : ils la pensent, la traversent, la questionnent à travers les destins de ses personnages, les pulsations de Port-au-Prince, les déchirures de l’histoire et les espoirs de son peuple. Ainsi, « dans ce nouveau roman, comme arraché au chaos de son quotidien à Port-au-Prince, Yanick Lahens rend un hommage d’espoir et de résistance à la lignée des femmes dont elle est issue ».

Couronnée en 2020 du Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde* pour l’ensemble de son œuvre, elle rejoint également le cercle des auteurs dont l’écriture dépasse les frontières pour faire résonner les imaginaires caribéens dans toute leur complexité, en étant traduite « en anglais, en brésilien, en catalan, en japonais, en allemand et en italien », comme l’indique sa maison d’édition.

Distinguée à de multiples reprises, comme avec le prix Femina remporté en 2014 pour Bain de lune, elle mène un parcours où la littérature se conjugue avec un engagement constant : celui d’une femme de culture, cofondatrice de programmes éducatifs, chroniqueuse, professeure, animatrice de débats et d’initiatives autour de la mémoire et de la transmission.

À l’occasion de la parution de Passagères de nuit, prévue courant août 2025, Yanick Lahens sillonnera plusieurs villes de France à partir de septembre. Parmi ces étapes, on peut déjà noter deux rendez-vous : la librairie Delamain à Paris, havre historique de la littérature francophone, et la librairie Ombres Blanches à Toulouse.

Ce nouveau roman vient confirmer qu’on ne lit pas Yanick Lahens pour s’évader : on la lit pour comprendre, pour sentir, pour rester éveillé dans la nuit comme ce devrait être le cas avec ses Passagères de nuit à travers les personnages d’Élizabeth et de Régina : « lorsque les deux héroïnes se rencontreront, dans une scène d’une rare qualité d’émotion, nous, lectrices et lecteurs, comprendrons que l’histoire ne s’écrit pas seulement avec les vainqueurs, mais dans la beauté des gestes, des regards et des mystères tus, qui à bas bruit montrent le chemin d’une résistance forçant l’admiration ».

Passagères de nuit, Yanick Lahens
Toujours avancer sans se retourner, c’est ce que murmurent à Yanick Lahens les femmes de sa propre lignée dans ce puissant roman des origines, comme arraché à son quotidien à Port-au-Prince.

Née en 1818 à La Nouvelle-Orléans, Élizabeth n’a pas reculé quand, victime de deux tentatives de viol, elle a freiné les élans prédateurs d’un ami de son père. Sa grand-mère, ancienne esclave arrivée d’Haïti au début du siècle dans le sillage du maître qui l’avait affranchie, lui a donné un exemple de résistance silencieuse : devenue une commerçante prospère, elle n’a plus jamais accepté de se soumettre au désir d’un homme. Confiante dans la force qu’elle a tôt transmise à sa petite-fille en l’invitant dans la ronde mystérieuse des divinités vaudou, elle n’hésite pas à couvrir sa fuite : Élizabeth embarque pour Port-au-Prince, où nous la retrouverons bien des années plus tard, aux commandes de sa vie, mère d’un homme qui traverse la ville en libérateur.

En cette année 1867, rien ne destinait Régina, née pauvre parmi les pauvres, à rencontrer le général Léonard Corvaseau. C’est pourtant à son côté que va se poursuivre sa trajectoire d’émancipation.

Avec ce portrait en miroir de deux femmes, ses lointaines grands-mères, qui reconnaissent chacune en l’autre « une semblable, une sœur échappée à la rudesse des conventions », la grande romancière haïtienne nous offre un magnifique hommage à toutes les Passagères de nuit (à commencer par celles des bateaux négriers), ces vaincues de l’histoire dont la ténacité et la connivence secrète opposent à la violence du monde une lumineuse vaillance.

Passagères de nuit, Yanick Lahens
Sabine Wespieser éditeur
224 pages, 20 euros

*Prix qui récompense des œuvres littéraires ou artistiques qui favorisent l’unité et la diversité culturelle dans la Caraïbe et l’espace du Tout-Monde

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