Du 25 au 28 juin, la scène du Casone devient le théâtre d’un jazz en mouvement. En ouverture, le Mini Big Band du Conservatoire d’Ajaccio donne le ton d’un festival placé notamment sous le signe de la triple influence des « courants de l’Afrique noire, de l’Amérique et des Caraïbes ».
Entre groove corse et pulsations caribéennes et américaines, Jazz in Aiacciu 2025 ouvre une parenthèse lumineuse où les voix de Cuba, du Brésil, de la Corse et de la Colombie s’élèvent au-dessus de la Méditerranée.
Au cœur de l’été naissant, Ajaccio se fait escale d’un voyage sonore aux rythmes multiples : « jazz-latino, afro-jazz, jazz-funk, soul, bossa nova et afrobeat ». Sur les hauteurs d’Ajaccio, les vents la musique cubaine souffleront fort : le 26 juin, l’île de Beauté accueille la violoncelliste et chanteuse de la Havane Ana Carla Maza, compositrice au chant libre et solaire. Ana Carla Maza qui sur scène « insuffle à sa musique les rythmes et les émotions vibrants de ses racines cubaines » cédera plus tard dans la soirée du 26 juin, sa place à la légende vivante qu’est Chucho Valdés, maître du jazz afro-cubain, venu fêter soixante ans de musique avec le public en Méditerranée.
Chucho Valdés, 60 ans au sommet
Du haut de son immense stature, le maestro du piano Chucho Valdé s ressemble au palmier royal cubain, emblème national et symbole de fierté . Ses racines plongent en Afrique, Cuba irrigue sa tige, le jazz fleurit dans ses palmes et il domine le paysage musical depuis six décennies. Ils sont peu nombreux, les pianistes et compositeurs qui côtoient actuellement de telles cimes – on pense à Herbie Hancock – et Chucho Valdés, né en 1941 près de La Havane, toise sa carrière depuis son savoir accumulé , son enthousiasme renouvelé et sa générosité de pédagogue. Il est le compositeur et pianiste par excellence du jazz afro-cubain moderne, reconnu internationalement pour avoir habilement fusionné la musique de son pays natal avec le jazz, la musique classique, celle des danses de salon et le rock. Entouré du Royal Quartet, Chucho Valdés célèbre aujourd’hui 60 ans de carrière et se maintient au sommet de son art avec la sortie de l’album « Cuba & Beyond ».
Cette soirée, comme un hommage à la richesse créative de Cuba, incarnera l’esprit pluriel d’un festival qui mêle les souffles du monde. Jazz in Aiacciu, c’est aussi le les variations de la bossa nova, les rythmes de Colombie, le mouvement du funk, et le chant de la terre corse. Une cartographie musicale vivante offerte au public de cette fin de mois de juin, quelques jours après la fête de la musique. À Ajaccio, le jazz se décline comme un flow commun à tous ceux venus la partager.
La soirée d’ouverture, festive et haute en couleurs, célèbrera l’année France-Brésil avec Flavia Coelho, « la plus française des Brésiliennes », qui conviera sur scène une constellation d’artistes invités, parmi lesquelles la Martiniquaise Jocelyne Béroard, pour un moment de communion où les langues, les rythmes et les pays se répondront.
Au fil de ces quatre journées, des escales sensibles et vibrantes s’offrent au public : les explorations électroniques d’Eda Diaz, aussi inventives qu’originales ; la chanson habitée et le jazz à fleur de peau d’Élise Vassallucci ; l’énergie jubilatoire de Cotonete, collectif du jazz-funk toujours très attendu ; et la transe engagée de Seun Kuti, qui fait résonner l’héritage de Fela avec modernité.
Et si le public souhaite prolonger l’escale cubaine, il pourra le faire avec Cimafunk, qui fusionne sons afro-caribéens, funk et hip-hop dans un alliage électrisant.
Cimafunk et l’héritage de cimarrón
Cimafunk est une rockstar afro-cubaine. Son dernier album « El Alimento » a été nommé aux Grammy Awards. Son nom fait référence à son héritage de cimarrón, les fugitifs marrons qui ont résisté et échappé à l’esclavage, ainsi qu’à l’essence de sa musique qui subverti la musique cubaine à coups de funk, d’afrobeat et de hip-hop. L’avènement du funk cubain est sans nul doute un grand pas pour l’humanité mélomane, et c’est Cimafunk qui enfonce la bannière apatride dans le sol caribéen. Après plusieurs tournées acclamées en Europe et aux États-Unis accompagné de La Tribu, son groupe de neuf musiciens havanais, Cimafunk s’est imposé comme un des principaux showmen d’aujourd’hui. Ses concerts électriques sont une célébration du groove et une expérience corporelle inoubliable. Cimafunk créé un univers unique, en redéfinissant la musique cubaine contemporaine, l’identité afro-latine et la fusion des cultures noires.
Pendant quelques jours, le Jazz in Aiacciu se fait point de convergence d’un jazz effervescent et composite, entre figures majeures et nouvelles voix.