La collection Écrivains de la Caraïbe des Presses Universitaires des Antilles s’enrichit d’une nouvelle publication consacrée à l’auteur guyanais René Maran. L’ouvrage réunit quatre textes de fiction publiés entre 1924 et 1947, dans lesquels l’auteur revient sur son expérience d’écrivain noir en France. Une plongée rare et précieuse dans l’univers littéraire et intime d’un écrivain pionnier.
Les Presses Universitaires des Antilles publient René Maran : La Matière de France, un ouvrage collectif dirigé par Laura Gauthier Blasi. Ce volume rassemble les contributions de chercheurs du groupe de recherche René Maran, rattaché à l’équipe Manuscrits francophones de l’ITEM-CNRS. Ce corpus s’attache à analyser l’œuvre du premier écrivain noir couronné par le Prix Goncourt en 1921 pour Batouala.
Issus de l’Institut des textes et manuscrits modernes, les auteurs poursuivent un objectif clair : « contribuer à la compréhension du processus créateur en analysant les documents qui témoignent de la genèse des œuvres ».
Les quatre ouvrages de fiction publiés par René Maran entre 1924 et 1947, concernant sa vie d’écrivain noir en France, sont réunis ici dans une édition critique à orientation génétique, basée sur les nombreux manuscrits conservés dans des archives à Paris, Bordeaux ou Dakar :
- Le Petit Roi de Chimérie (conte, 1924)
- Le Cœur serré (roman, 1931)
- Peines de cœur (nouvelles, 1944)
- Un Homme pareil aux autres (roman, 1947)
Divers documents placés en annexe éclairent l’histoire de ces publications après la retentissante polémique suscitée par l’attribution du Prix Goncourt à René Maran pour Batouala, véritable roman nègre, en 1921.
René Maran est né le 5 novembre 1887 en Martinique, de parents afro-guyanais. Dès l’âge de sept ans, il entre en internat à Bordeaux pour y suivre ses études primaires et secondaires. 1909 marque le début de sa carrière littéraire avec la publication de son premier recueil de poèmes, La Maison du bonheur, aux éditions du Beffroi à Paris. La même année, il part rejoindre son père en Afrique, dans l’administration coloniale de l’Oubangui-Chari.
La découverte de la brousse africaine inspirera plusieurs romans et de nombreux contes animaliers à René Maran, mais ses véhémentes protestations contre les formes inhumaines de l’exploitation des Africains lui vaudront de perdre son emploi colonial en 1924. Il s’installe alors à Paris pour y vivre de sa plume. Jusqu’à sa mort en 1960, il fera une carrière de journaliste et d’essayiste parallèlement à une activité plus littéraire. En effet, il n’aura cesse de publier des recueils de poèmes et des textes de fiction en prose, marqués par le même souci de perfection linguistique et stylistique, qui lui valut plusieurs prix littéraires.
René Maran : La Matière de France
Éd. Presses Universitaires des Antilles, (Collect. Écrivains de la Caraïbe)
Direction d’ouvrage : Laura Gauthier Blasi
Auteur(s) : Tina Harpin , Francesca Dainese , Laure Demougin , Jean-Dominique Pénel , Charles W. Scheel , Roger Little
38 euros, 564 pages