Festival Kanoas en région parisienne : cap sur le théâtre de la Caraïbe

Les arts vivants de la Caraïbe seront au centre du festival Kanoas qui vivra sa seconde édition les 11, 12 et 13 novembre 2016 à Vitry-sur-Seine et à Paris. Théâtre, danse, conte, poésie et lecture sont au programme d’un événement imaginé à dessein pour « transcender les différences pour le plaisir de l’ailleurs et de la découverte ».

Théâtre martiniquais, conte cubain, danse contemporaine guadeloupéenne, entres autres créations, enrichiront la programmation de l’édition 2016 du festival Kanoas au cours duquel la créativité caribéenne et la création artistique contemporaine viendront à la rencontre du public. Douze rendez-vous et trois jours de festival pour continuer à dérouler l’intensité du théâtre de la Caraïbe aux yeux du public d’Île-de-France et pour « l’inviter à goûter le privilège de la connivence que les artistes extirpent du chaos », comme le définit Jean-Michel Martial, comédien et organisateur du festival.

Voyage dans une mémoire de Greg Germain
C’est la Gare au théâtre de Vitry-sur-Seine et la Halle Pajol à Paris qui accueilleront les pièces et les spectacles de cette riche programmation. Parmi les représentations, Voyage dans une mémoire de et avec Greg Germain qui clôturera le festival. Une création, présente au festival Off d’Avignon 2016, qui selon son auteur « invite à voyager en compagnie de ces ‘bâtisseurs de langage’ que sont Glissant, Vigny, Césaire, Hugo, Chamoiseau, Rostand, Racine, Walcott et d’autres… ».

Au fil de ce voyage, l’acteur évoque les cultures créoles, la tragédie grecque avec Phèdre, l’esclavage transatlantique, l’arrachement et l’exil, mais aussi le jazz et le blues, et « ces paysages caribéens qui font mémoire », comme le dit le poète de Sainte-Lucie Derek Walcott. Le spectateur se laisse emporter par la muse et la force des mots, et l’on naviguerait volontiers en littérature avec lui. Dans Voyage dans une mémoire , un spectacle aux accents très personnels, Greg Germain se remémore sa Guadeloupe natale, les instants privilégiés de son enfance et les moments de sa carrière. Il fait ainsi le lien avec les auteurs qui l’ont influencé et l’ont construit.

Toujours côté théâtre, la pièce O’Karenaj créée par l’association Secrets d’Antan qui sohaite, par le biais du théâtre, réanimer un pan de l’histoire de la Caraïbe. Dans la pièce qui sera présentée le 12 novembre à Vitry, elle le fait à travers la vie d’un quartier populaire de la Guadeloupe. Cinq comédiens font revivre la réalité sociale et économique du Carénage d’antan, histoire de transmettre aux plus jeunes l’héritage culturel qui en est l’apanage ; ils s’y emploient en proposant une pièce interprétée en créole et en français. Dans le même genre, la conteuse cubaine Mercedes Alfonso offre elle aussi de jouer les passeurs d’histoire à travers Les contes du lézard vert accessibles dès l’âge de 5 ans et qui devraient faire voyager entre des univers très différents.

Mercedes Alfonso
Mercedes Alfonso

La programmation du festival fait encore une place au Répertoire théâtre de la Caraïbe à travers la lecture de trois pièces qui mettent en relief la contribution et la recherche de chacun de leur auteur sur un sujet comme celui de la mémoire. Rosanie Soleil d’Ina Césaire, Une autre histoire ou le malentendu de Julius Amédée Laou et Trames de Gerty Dambury seront mises en lecture dans la cadre du festival, par la compagnie de théâtre L’autre souffle.

Rosanie Soleil d’Ina Césaire, avec Raphaëline Goupilleau, Mylène Wagram, Mariama-Johanna Bah, Astrid Bayiha
C’est une des pièces maîtresses du théâtre d’Ina Césaire. Rosanie Soleil présente quatre personnages féminins et un homme caché que l’on ne fait que deviner grâce aux sons des ti-bois et du tambour. Dans un décor rural du sud de la Martinique, pendant l' »Insurrection du Sud » de 1870, deux jeunes femmes, fausses jumelles, et deux femmes mûres, la Mère et la Voisine, vaquent à quelques tâches banales.

Elles échangeant d’étranges propos. Elles cherchent à percer ce que les unes cachent aux autres. Des rumeurs circulent quant à des incendies de champs de cannes, les recherches effectuées par les forces de l’ordre, et la présence inavouée par la mère d’un blessé en fuite. Le mystérieux blessé est au centre de l’attention, même si d’autres figures masculines de la résistance sont évoquées: le nègre qui a refusé au béké ou au géreur à cheval de lui céder le chemin, le géreur lynché par un groupe de paysans en fureur, et d’autres incidents de l’histoire de l’époque. Rosanie Soleil est un exemple majeur du travail d’Ina Césaire sur la mémoire collective de son pays, et de son entreprise d’inversion des mythes négatifs avec la mise en valeur des traditions orales et de cette diglossie fondatrice du génie populaire, c’est aussi une reformulation du grand récit fondateur de la Révolution haïtienne, et un éloge du « père, ce héros ».

Vendredi 11 novembre / Gare au théâtre, Vitry-sur-Seine
18 h – D’Afrique en Caraibe (Martinique)
Un voyage dit et chanté par Marianne Mathéus

19 h – Rosanie soleil (Martinique) – Texte d’Ina Césaire
Lecture dirigée par Daisy Miotello. Avec Raphaëline Goupilleau, Mylène Wagram, Mariama-Johanna Bah, Astrid Bayiha

20 h – Ré(z)oné (Guadeloupe) – Danse contemporaine de et avec Hubert Petit-Phar et Jean-Claude Bardu 

"Balansé" © Festival Temps d’Images
« Balansé » © Festival Temps d’Images

20 h 45 – Les dits du bout de l’île (Mayotte) de Nassuf Djailani, adaptation et mise en scène El Madjid Saindou. Avec Dalfine Ahamadi, Soumette Ahmed, Nassime Alexandre Hazali, Madi Djibaba

Samedi 12 novembre / Gare au théâtre, Vitry-sur-Seine
17 h 30 – Contes du lézard vert (Cuba) – Contes cubains et afro-cubains de Mercedes Alfonso – Conte pour enfant

18 h 30 – Une autre histoire ou le malentendu (Martinique) de Julius Amédée Laou – Lecture dirigée par J.A. Laou, avec Anne Lemoel, Fanny Pernaud, Jules Tricard, Stéphane Etingué

19 h 30 – Ephémère / Danse contemporaine avec Stella Moutou et Jean-Luc Mégange

20 h 45 – O’Karenaj (Guadeloupe) d’Arthur Apatout, Gérard César, Reynald Sart. Avec Régine Biabiany, Raoul Georges Bellony, Bernard Lamitié, Josée Turlepin, Reynald Sart

Dimanche 13 novembre / Halle Pajol Paris
16 h – Mots pour Maux (Martinique – Mots de la Caraïbe de Philippe Cantinol)

17 h – Trames de Gerty Dambury (Guadeloupe), lecture dirigée par Jalil Leclaire avec Firmine Richard, Marina Monmirelle, Blade Ali Mbaye

18 h – Balansé (Martinique) – Danse contemporaine, avec Agnès Dru et Yann Lecollaire (clarinette)

19 h – Voyage dans une mémoire (Guadeloupe) de et avec Greg Germain

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *