Vents de colère en Outre-mer, à voir sur La1ere.fr

Avec le documentaire Vents de colère en Outre-mer, Jean-Marie Montali et Stéphane Krausz examinent les résultats des élections de 2022 dans les territoires éloignés de l’hexagone avec la volonté de revenir « sur les raisons de ces votes aux extrêmes et sur la très forte abstention qui les a accompagnés ». Le documentaire, disponible jusqu’au 23 octobre 2023 sur l’offre numérique Outre-mer de France Télévisions, revient sur ce que les réalisateurs décrivent comme l’expression d’une « colère dans les urnes ».

Le 10 avril 2022, dans les Outre-mer, les résultats de l’élection présidentielle résonnent comme un coup de tonnerre. Au premier tour, Jean-Luc Mélenchon arrive en tête, excepté dans le Pacifique et à Mayotte. Au deuxième tour, les électeurs passent d’un extrême à l’autre et votent massivement pour Marine Le Pen tandis que l’abstention atteint des sommets. Quels sont les facteurs politiques et sociaux qui expliquent ce vote de contestation ?

Le vote aux extrêmes et l’abstention à la présidentielle n’ont rien d’idéologique. Ils traduisent le fossé qui sépare les Outre-mer de l’Hexagone. Creusé par des décennies de promesses non tenues, ou mal tenues, d’espoirs déçus, de reculades historiques, par la vie chère, le chômage, l’insécurité, l’immigration… Et probablement par le doute sur la capacité de l’exécutif et des politiques à résoudre les crises successives et à comprendre l’impatience des Ultramarins qui réclament l’égalité des droits, depuis longtemps promise, et le respect des différences. Ce silence de l’abstention et le choix des extrêmes ne sont rien d’autre qu’un vote de colère.

Ce documentaire part à la rencontre de celles et ceux qui, dans quatre départements, ont choisi les urnes pour exprimer un mécontentement social.

À Mayotte, où Marine Le Pen est arrivée en tête des votes, 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon un rapport de l’Observatoire des inégalités, publié en juin 2021. Face à l’insécurité et l’immigration clandestine, les Mahorais ont un sentiment d’abandon et se sont tournés massivement vers la candidate du Rassemblement national.

En Martinique, la gestion de la crise sanitaire, le scandale du chlordécone, la vie chère qui éreinte une population durement frappée par le chômage, ont poussé les électeurs à s’abstenir ou à voter massivement pour Marine Le Pen au second tour. Marie-Noëlle, infirmière libérale depuis plus de 20 ans, Maëva et Michael, un couple de trentenaires au chômage qui vit avec 400 euros par mois, reviennent sur la crise sociale qui frappe leur territoire.

La Guyane, avec un taux de chômage record, un accroissement de la pauvreté et une jeunesse de plus en plus désœuvrée, est devenue une plaque tournante du trafic de drogue organisé par les cartels sud-américains. On estime que plus de 20 % de la cocaïne saisie en France en 2022 provenait de la Guyane. Les conséquences socio-économiques inquiètent les pouvoirs publics, face à un risque d’une dérive vers une économie mafieuse et à une toxicomanie dont les conséquences multiples représentent un problème de santé publique majeur en Guyane.

Enfin, La Réunion souffre quant à elle des politiques locales et de l’échec des élus à aider les habitants à surmonter les crises. Plus de 300 000 Réunionnais vivent sous le seuil de pauvreté, soit 40 % de la population, contre 15 % en Hexagone.

En Outre-mer, ce vote de colère traduit une détresse sociale et exprime une défiance vis-à-vis des élus ainsi que le besoin d’un changement de l’action politique, tant au niveau local que national dans un contexte de crise sociale, de hausse des prix et d’instabilité.

Vents de colère en Outre-mer, sur la 1ère, jusqu’en octobre 2023

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