Figures de la mémoire au musée du Quai Branly

Au musée du quai Branly – Jacques Chirac à Paris, deux nouvelles dates en lien avec la mémoire, les luttes et les expressions culturelles du monde noir viennent s’ajouter aux rendez-vous du salon de lecture Jacques Kerchache.

Fidèle à sa mission de préserver et valoriser la diversité des cultures humaines, le musée du quai Branly -Jacques Chirac propose, en juin 2025, deux rencontres riches en résonances historiques, esthétiques et politiques. Organisés dans le cadre des Rendez-vous du salon de lecture Jacques Kerchache, ces événements mettent en lumière des figures artistiques et intellectuelles majeures des mondes afro-descendants et postcoloniaux. D’abord le samedi 21 juin autour de l’œuvre d’Henri Guédon, puis le jeudi 26 juin une rencontre en lien avec l’exposition Paris Noir 1950-2000, Circulations artistiques et luttes anticoloniales.

Qu’il s’agisse de revisiter l’œuvre protéiforme du musicien martiniquais Henri Guédon ou d’explorer les circulations artistiques et les luttes anticoloniales à travers le prisme de l’exposition Paris Noir 1950-2000, ces rencontres participent pleinement à la vocation du musée « dédié à la préservation et à la valorisation de la diversité des cultures humaines à travers le monde ».

Henri Guédon et Paris Noir
Le samedi 21 juin, place à une rencontre et séance d’écoute autour d’Henri Guédon, figure essentielle de la scène antillaise. L’artiste total, musicien, chanteur, plasticien, sculpteur, né un 22 mai en Martinique (un clin d’œil fort à la date commémorative de l’abolition de l’esclavage), a construit une œuvre vaste qui est aussi l’expression des mémoires de l’esclavage et sur laquelle s’est penchée la doctorante Valérie-Ann Edmond Mariette. Les recherches de cette spécialiste des mémoires de l’esclavage et des musiques antillaises post-départementalisation donneront l’occasion d’un moment qui redonnera voix et corps à un artiste à la croisée des mondes et dont la musique, selon le chroniqueur culturel Victor Hache, relevait d’ »une partition universelle dans laquelle se retrouve avec bonheur la diversité de l’héritage musical noir » (L’Humanité, 14 février 2006).

Le jeudi 26 juin sera marqué par une autre plongée dans l’histoire récente avec un temps d’échanges autour du catalogue de l’exposition Paris Noir 1950-2000, en compagnie d’Eva Barois De Caevel, Sarah Ligner et Sarah Frioux Salgas, trois spécialistes en art et en histoire de l’esclavage. L’exposition, présentée au Centre Pompidou jusqu’au 30 juin, retrace les circulations artistiques, les engagements intellectuels et les luttes anticoloniales ayant marqué la capitale française à la croisée du XXe siècle. Un processus de mise en visibilité que prolonge en quelque sortes le catalogue de l’exposition au centre des échanges.

Rencontre et séance d’écoute autour d’Henri Guédon, artiste plasticien, musicien et chanteur martiniquais
Henri Guédon (1944-2006) est un artiste plasticien, musicien et chanteur martiniquais. Plusieurs de ses œuvres (dessins, peintures, sculptures, musiques) font référence à la traite négrière et à l’esclavage colonial à la Martinique mais plus largement dans la Caraïbe. Il est l’un des artistes emblématiques de la thèse de Valérie-Ann Edmond-Mariette intitulée « Le son de la mémoire de l’esclavage. Musique et politique dans les Antilles de1956 à 1998. » Dans ce travail de recherche la doctorante croise histoire de la mémoire, histoire sociale et histoire de la musique. Découvrez comment Henri Guédon s’approprie cette histoire qui a pendant si longtemps été invisibilisée et silenciée.

Rencontre autour du catalogue de l’exposition avec Eva Barois De Caevel, Sarah Ligner et Sarah Frioux Salgas
Avant les mouvements d’indépendance en Afrique, ainsi que le mouvement des droits civiques aux États-Unis, le Paris d’après guerre est devenu une plate-forme de résistance et d’émancipation, où des figures intellectuelles telles que James Baldwin, Léopold Sédar Senghor, Aimé et Suzanne Césaire ou Édouard Glissant ont ouvert la voie aux futurs post et décoloniaux.

Réunissant des études africaines, afro-américaines, latino américaines et caribéennes, ce catalogue est une cartographie vivante des recherches en cours, une tentative de cartographier la formidable histoire intellectuelle, artistique et littéraire postcoloniale de Paris. Les contributeurs sont attentifs aux circulations, aux réseaux et aux amitiés, où la ville apparaît comme un lieu de possibilité d’appartenance et de non-appartenance, de rencontres et d’isolement, de visibilité et d’invisibilité.

Ils articulent des notions telles que l’humanisme noir, la négritude, les modernismes cosmopolites et transatlantiques, à travers le prisme des études postcoloniales et décoloniales, des théories queer et féministes, ainsi que des politiques identitaires afro-diasporiques.

Le catalogue, richement illustré de nombreuses reproductions inédites d’œuvres, met en lumière de nombreux artistes et écrivains dans toutes les disciplines de la peinture à la sculpture, en passant par la musique, le cinéma et la littérature à travers une nouvelle approche trans continentale.

Rencontre et séance d’écoute autour d’Henri Guédon (1944-2006), artiste plasticien, musicien et chanteur martiniquais
Salon de lecture Jacques Kerchache
Samedi 21 juin 2025 de 16h à 18h30

Rencontre autour du catalogue de l’exposition avec Eva Barois De Caevel, Sarah Ligner & Sarah Frioux Salgas
Salon de lecture Jacques Kerchache
Jeudi 26 juin 2025 de 17h30 à 19h

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *