Deux parutions mettent en lumière les langues créoles qui, entre autres, incarnent la Guadeloupe et la Martinique. Deux récentes publications qui marquent cette nouvelle édition du mois du créole chez Caraïbéditions.
Raphaël Confiant, Jude Duranty et Hector Poullet : ces figures connues pour promouvoir les créoles martiniquais et guadeloupéen sont en librairie avec, pour le premier, An tjè san ganm, traduction d’Un cœur simple, première nouvelle de Gustave Flaubert (1877). Les deux autres auteurs sont à l’inititiave d’un dictionnaire à paraître le 28 octobre 2023. Le Martiniquais Jude Duranty, une référence de la langue créole en Martinique, s’est associé à Hector Poullet, traducteur et précurseur en matière d’écriture et de promotion du créole guadeloupéen.
An tjè san ganm (traduction d’Un coeur simple, de Gustave Flaubert)
Sé nan lanné 1877 éti Gustave Flaubert pibliyé istwè-kout la i kriyé An tjè san ganm la. Metpies liv-la sé an madanm lalanpay Nòmandi, Félisité, ki ka sèvi bòn adan an fanmi pagna, lé Oben. Lè i té ni di-zuit lann anlè tet-li, an nonm i té enmen fè tan kouyonnen’y, bagay ki fè’y soufè bon kalté soufè a.
Jik lè i trapé senkant lanné, Félisité dévwé kò`’y ba fanmi-tala san rété, ka otjipé kò’y di Pol ek Virjini, sé dé yich Man Oben an. Malè ba’y, pliziè lanmò anni vini chouboulé lekzistans-li : dabò-pou-yonn, sé nivé’y, Viktò, ki té matlo, ki mò nan lanmè ; apré sa, sé té tou Virjini ; anfinaldikont, Man Oben ka monté nan Galilé tou. Ek, a lè-tala, Félisité ka koumansé viv li-yonn nan gran kay-la épi an jako yo té ofè métres-li éti non’y sé Loulou. Zwézo-tala ka fè’y chonjé nivé’y ek, anmizi-anmizi, i ka fini pa pwan’y pou lè Sentespri.
Ek lè jou lanmò Félisité rivé, jako-a anni tounen nan lespri’y, ki té ka koumansé dékoud, kontel riprézantasion Bondié toubannman.
An tjè san ganm (Un coeur simple, Gustave Flaubert)
Traducteur : Raphaël Confiant, Caraïbéditions
128 pages, 13 euros
Sé mo manman-la. Dictionnaire des gros mots en créole martiniquais & créole guadeloupéen
Si un créolophone de Guadeloupe ou de Martinique exaspéré, venait à vous dire même en Français sur un ton faussement calme : « Ne m’obligez pas à vous dire le petit mot de maman ! » Comprenez que le petit mot en question est le plus gros mot du vocabulaire créole.
Le voici donc le gros mot en question, lui et tout le vocabulaire d’insultes, d’injures, d’insanités, qui l’accompagne. Parfois ce sont simplement des séries de jurons qui n’ont rien à envier à ceux du Capitaine Haddock. D’autres fois des provocations, des défis, justes bons à faire réagir un adversaire. Toutes les langues du monde ont ce type de vocabulaire, le Créole ne fait pas exception, et nous espérons ne rien vous épargner de cet univers ordurier. Cependant nous voulons préciser que cette langue n’est ni plus sale, ni plus « mal élevée » qu’une autre. La mauvaise humeur, la colère, la rage sont inhérents à la nature humaine. L’utilisation des gros mots nous permet d’exploser et ce faisant d’éviter de nous tomber dessus à bras raccourcis, sinon pire.
Si vous vous trouvez un jour dans cette situation de combat de gueules, méfiez-vous de ne pas aller trop loin dans le répertoire des insultes car alors vous risqueriez d’avoir à faire face à un major qui ne l’entendrait pas forcément de la même oreille.
Sé mo manman-la. Dictionnaire des gros mots en créole martiniquais & créole guadeloupéen
Jude Duranty et Hector Poullet, Caraïbéditions
176 pages, 13,90 euros