Mémoire, exil et héritages en images au Decolonial Film Festival à Toulouse

Le Decolonial Film Festival continue d’interroger les héritages coloniaux et les mémoires diasporiques en faisant escale à Toulouse avec une expo et une programmation de films qui conjuguent à la fois arts, mémoire et résistances.

Du 21 au 23 novembre 2025, Toulouse accueille une nouvelle édition du Decolonial Film Festival (DFF) avec une programmation toujours engagée. Sur place, collectifs, associations et éditeurs ont contribué à mettre au point une programmation qui continue d’aborder les interrogations, toujours d’actualité, sur l’histoire de la colonisation et les combats qu’elle engendre.

Après Paris, c’est Toulouse, la capitale de l’Occitanie, qui accueille les 21, 22 et 23 novembre prochains une programmation de films et une exposition développant les sujets de dimensions contemporaines « héritages, diasporas, et résistances ».

Le vendredi 21 novembre 2025 en particulier, le DFF ouvre avec une exposition d’Éclipse, un collectif d’étudiants des Beaux-Arts. Présents à La Mèche, trois jeunes artistes en arts visuels interpréteront leur vision du processus colonial via leur propre parcours. Parmi eux, Djuliance Thor, « d’origine hmong » qui « a grandi en Guyane dans le village de Cacao ». Situé à l’ouest de la Guyane, le village de Cacao, fondé à la fin des années 70 avec l’arrivée des Hmongs depuis le Laos, a été installé à plus de 70 km de Cayenne, en pleine forêt amazonienne, à proximité du fleuve La Comté. C’est cette histoire commencée en 1977, sur une ancienne colonie, que retrace Djuliance Thor, étudiante aux Beaux-Arts de Toulouse : « elle lie la broderie, la peinture et la vidéo pour remonter le fil de l’histoire de sa culture. À travers son travail, elle s’interroge sur ce que signifie ‘être hmong’ lorsqu’on a grandi loin des montagnes du Laos, sur une terre encore marquée par la colonisation ». Un travail et une réflexion qui sondent aussi les notions de déracinement pour impulser son imaginaire créatif. Ainsi, Djuliance Thor cherche à « comprendre comment la migration, l’exil et la transmission se tissent dans les gestes, les langues, les silences, les broderies hmong, et dans les photos d’archives de sa famille. Elle cherche à réunir les fragments de son identité, tout en rendant hommage à celles et ceux qui, avant elle, ont dû quitter leur pays pour survivre. Ce processus de recherche s’inscrit dans une démarche décoloniale et artistique, où la mémoire devient un matériau de création ».

Sara Kadem, « nourrie par la culture algérienne », et Jean-Christian Kouabena, qui partage sa vie entre la France et sa Côte d’Ivoire natale, sont les deux autres artistes de cette exposition. Leur travail respectif explore les thématiques décoloniales et donnera aussi lieu à des échanges avec le public.

Pour la partie cinéma, le DFF ouvrira avec le documentaire Occupations de Kei Pritsker et Michael T. Workman, « qui retrace l’occupation en solidarité avec Gaza organisée par l’université de Columbia à New York ». Plus d’une dizaine de films composent la programmation retenue pour cette édition toulousaine, avec notamment Des rêves en bateaux papiers (deuxième volet de la trilogie avec Agwe (2022) et Cœur Bleu (2025) du réalisateur haïtien Samuel Suffren, un court métrage déjà plusieurs fois primé.

Des rêves en bateaux papiers, de Samuel Suffren
Édouard vit à Port-au-Prince avec sa fille Zara depuis cinq ans. Depuis le départ de sa femme, lui et sa fille n’ont reçu qu’une cassette de sa part, il y a longtemps. Après des années d’absence, que peut-on attendre d’un amour éloigné ?

Carte blanche à Éclipse
La Mèche – Espace associatif d’exposition et de création
67 chemin de Pujibet, Toulouse

Des rêves en bateaux papiers
22 novembre, 11 h
Cinéma Cosmos, Toulouse

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