Histoire et pensée politique autour de la Révolution haïtienne

Les journées d’étude « Révolution haïtienne (1791-1804) : pouvoirs, savoirs, émancipations », qui se tiendront à Paris les 5 et 6 juin 2025, exploreront les dimensions politiques, intellectuelles et sociales de la première révolution anti-esclavagiste victorieuse. Organisé dans le contexte du bicentenaire de l’imposition de la dette par la France à Haïti en 1825, cet événement invite à repenser les héritages de la liberté et les mécanismes de domination post-coloniaux.

À travers cet événement qui réunira une quizaine de spécialistes, d’abord en visioconférence pour la première journée puis à la Fondation Maison des Sciences de l’Homme à Paris le vendredi 6 juin, le réseau Mondes de la Colonialité et TransModernités (MCTM) poursuit son objectif : comprendre comment l’esclavage, la colonisation et des événements comme la Révolution haïtienne ont marqué les savoirs et influencent encore les sciences humaines et sociales aujourd’hui.

Les intervenants et experts en sciences sociale, en philosophie, en histoire ou encore en pensée politique interrogeront les mémoires et les pratiques politiques haïtiennes, proposeront une relecture historique de la Révolution haïtienne à partir des savoirs qui en découlent ou encore exploreront les liens entre littérature, pensée politique et émancipation à partir de cet événement fondateur.

Les deux journées seront conclues à chaque fois par des échanges avec le public qui seront l’occasion de mieux comprendre comment un événement comme la Révolution haïtienne prend sens et comment elle continue à influencer l’histoire.

Un colloque au format hybride sur la Révolution haïtienne
Le réseau de recherche international Mondes de la Colonialité et TransModernités (MCTM) organise avec le soutien de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (FMSH) et en partenariat avec le laboratoire Sophiapol (Université Paris Nanterre) et le LADIREP (Université d’État d’Haïti), deux journées d’étude consacrées à la Révolution haïtienne.

La Révolution haïtienne (1791–1804) reste encore peu présente dans les imaginaires révolutionnaires européens, les récits occidentaux de la liberté, de l’égalité et de l’émancipation, ainsi que dans les différents savoirs de la révolte. En ce sens, l’anthropologue haïtien Michel-Rolph Trouillot a qualifié, dans Silencing the Past (1995), cet événement d’ »impensable », tant il dérogeait aux catégories issues des logiques coloniales qu’il venait bouleverser – des catégories dont les prolongements néocoloniaux pourraient, au moins en première approche, éclairer l’oubli et la mise sous silence persistants. Toutefois, l’essor des études sur la Révolution haïtienne au cours des vingt dernières années indique que les effets de cet effacement sont de plus en plus remis en question.

Dans ce contexte, tracer des itinéraires de recherche à partir de la Révolution haïtienne et de ses effets sur les sciences humaines et sociales revient bien souvent à dessiner un autre portrait de la modernité, voire à en flouter les contours eurocentrés. C’est aussi, peut-être nécessairement, prendre position sur les significations politiques, passées et présentes, de cet événement. Celui-ci a été représenté dans des œuvres très diverses, qu’il s’agisse de celles de C.L.R. James, Aimé Césaire, Frankétienne ou Susan Buck-Morss, comme l’un des noms propres de l’émancipation et de la révolte, l’un des maillons forts de l’histoire discontinue de la liberté. Comment la révolution des esclaves a-t-elle reconfiguré les pratiques, les savoirs, et les imaginaires de l’émancipation, et comment continue-t-elle de les transformer ?

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